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avait plus de force; il faisait froid:« Je m’obstine à vouloir prolonger ici mon dernier été, se disait-il, mais c’est aussi vain et absurde que de vouloir prolonger ma jeunesse ; le temps de ces choses est révolu à jamais… »

Maintenant le soleil s’était couché derrière l’Europe voisine, et dans le lointain les chalumeaux des bergers rappelaient les chèvres ; autour de lui cette plaine, devenue déserte sous ses quelques grands arbres jaunis, prenait cet air tristement sauvage qu’il lui avait déjà connu à l’arrière-saison d’antan… Tristesse du crépuscule et des jonchées de feuilles sur la terre, tristesse du départ, tristesse d’avoir perdu Djénane et de redescendre la vie, tout cela ensemble n’était plus tolérable et disait trop l’universelle mort… XLII