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XXXV DJÉNANE À ANDRÉ, LE LENDEMAIN

"Encore une fois sauvées ! Nous avons eu de terribles difficultés au retour ; mais maintenant il fait calme dans la maison… Avez-vous remarqué, en arrivant, comme notre Stamboul était beau ?

Aujourd’hui la pluie, la neige fondue battent nos vitres, le vent glacé joue de la flûte triste sous nos portes. Combien nous aurions été malheureuses, si ce temps-là s’était déchaîné hier ! À présent que notre promenade est dans le passé et qu’il nous en reste comme le souvenir d’un joli rêve, elles peuvent souffler, toutes les tempêtes de la Mer Noire…

André, nous ne nous reverrons pas avant mon départ, les circonstances ne permettent plus d’organiser un rendez-vous à Stamboul ; c’est donc mon adieu que je vous envoie, sans doute jusqu’au printemps. Mais voulez— vous faire une chose que je vous demande en grâce ? Dans un mois, quand vous partirez pour la France, puisque vous comptez prendre les paquebots, emportez un fez et choisissez la ligne de Salonique ; on s’y arrête quelques heures, et je sais un moyen de vous y rencontrer. Un de mes