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"Ces réunions de jeunes Turques, dit Zeyneb, deviennent rarement frivoles en Ramazan, alors que le mysticisme est réveillé au fond de nos âmes, et les questions quon y aborde sont de vie et de mort. Toujours la même ardeur, la même fièvre au début. Et toujours la même tristesse à la fin, le même découragement dont nous sommes prises, quand, après deux heures de discussions, sur tous les dogmes et toutes les philosophies, nous nous retrouvons au même point, avec la conscience de n’être que de faibles, impuissantes et pauvres créatures ! Mais lespoir est un sentiment si tenace que, malgré la faillite de nos tentatives, il nous reste la force de reprendre, le lendemain, une autre voie pour essayer encore d’atteindre linapprochable but….

— Nous, les jeunes Turques, ajouta Mélek, nous sommes une poignée de graines dune très mauvaise plante, qui germe, résiste et se propage, malgré les privations deau, les froids, et même les « coupes » répétées.

— Oui, dit Djénane, mais on peut nous diviser en deux espèces. Celles qui, pour ne pas mourir, saisissent toutes les occasions de sétourdir, doublier. Et celles, mieux trempées, qui se réfugient dans la charité, comme par exemple Djavidé, notre cousine ; je ne sais pas si, chez vous, les petites sœurs des pauvres font plus de bien quelle, avec plus de renoncement ; et,