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ï André Lhéry, romancier connu, dépouillait avec lassitude son courrier, un pâle matin de printemps, au bord de la mer de Biscaye, dans la maisonnette oit sa dernière fantaisie le tenait à peu près iixé depuis le précédent hiver. «  Beaucoup de lettres, ce matin-là, soupirait-il, trop de lettres. »

!1 est vrai, les jours où le facteur lui en donnait 

moins, il n’était pas content non plus, se croyant tout à coup isolé dans la vie. Lettres de femmes, pour la plupart, les unes signées, les autres non, apportant à t’écrivain l’encens des gentilles adorations intellectuelles. Presque toutes commençaient ainsi « Vous allez être bien étonné, monsieur, en voyant l’écriture d’une femme que vous ne connaissez point. » André souriait de ce début étonné, ah ! non, depuis longtemps il avait cessé de l’être. Ensuite chaque nou-