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VI

Le jeudi 14 avril, avant lheure fixée, André Lhéry et Jean Renaud étaient venus prendre place devant le petit café, qu’ils avaient reconnu sans peine, au bord de la mer, rive dAsie, à une heure de Constantinople, entre les deux villages indiqués par la mystérieuse Zahidé. Cétait un des rares coins solitaires et sauvages du Bosphore qui, presque partout ailleurs, est bordé de maisons et de palais:la dame avait su choisir. Là, une prairie déserte, quelques platanes de trois ou quatre cents ans, —de ces platanes de Turquie aux ramures de baobab, —et tout près, dévalant de la colline jusque vers la tranquille petite plage, une pointe avancée de ces forêts dAsie Mineure, qui ont gardé leurs brigands et leurs ours.

Un lieu vraiment à souhait, pour rendez-vous clandestins. Ils étaient seuls, devant la vieille petite masure en ruine et complètement isolée quétait ce café,