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un empereur de Russie. Elles ne renferment que des ornements d’église, des étoffes du xiie et du xiiie siècle, des vases et des croix d’ancienne orfèvrerie.

Mais, d’une troisième châsse qui est en simple marbre, il retire, pour nous les montrer, deux coffrets massifs d’or ciselé qui contiennent des reliques plus sombres. Dans l’un, la main desséchée et noire de sainte Catherine, qui pose avec ses bagues et ses bracelets sur un coussinet de soie. Dans l’autre, la tête de la sainte, que couronne un diadème de pierres précieuses, débris effroyable entouré de ouate et sentant le natrum des momies… Et puis, pour des années sans doute, on referme tout cela soigneusement ; le lourd couvercle en marbre de la châsse est tiré de nouveau sur les deux coffrets d’or, et une housse, faite d’un exquis brocart rose, est jetée par-dessus.

Tandis que le moine se penche, pour rectifier les plis de l’étoffe autour de cette forme de cercueil, les boucles de ses cheveux tombent sur la soie magnifique, et on a l’impression de contempler un Christ ensevelisseur…



Avant de nous éloigner dans le désert, nous voulons revoir la crypte du buisson ardent — et