Les jardins, peu à peu gagnés sur l’aridité de la montagne, sont en terrasses successives, entourés, eux aussi, de grands murs, mais non fortifiés ; en cas de siège, évidemment, on les abandonnerait. Il y pousse des cyprès, des oliviers, des vignes, quelques citronniers, aux feuilles roussies par la grêle et la neige. Sous de vieux arbres est une sorte d’enclos désolé que le moine, dans son français étrange, appelle la mortification : c’est le cimetière de la communauté, où dorment pêle-mêle, dans un renoncement suprême, des morts sans personnalité et sans nom. Nous sommes déjà en plein crépuscule ici, tandis que sur nos têtes les granits surplombants et menaçants baignent encore dans le soleil. Il fait si froid qu’il faut rentrer…
Avant de franchir de nouveau les remparts énormes, nous nous arrêtons pour regarder la première des petites portes basses, au-dessus de laquelle s’avancent les guérites de pierre pour jeter sur les assaillants l’eau et l’huile bouillantes ; elle est surmontée de deux plaques de marbre, disant, l’une en grec, l’autre en syriaque, que ce couvent fut construit, en l’an 550, sous le règne de Justinianus, imperator.
Nous rentrons décidément. Il est temps, d’ailleurs, car les trois portes de fer doivent toujours être ver-