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mande à sa bienveillance, et une troisième que je lui adresse moi-même, lui demandant s’il consentira à nous laisser passer, quelle rançon il exigera de nous et combien de jours il nous retiendra dans sa tribu.

Ce Bédouin, réputé sûr, est, en outre, chargé de lui dire que nous voulons une réponse écrite, signée de lui et scellée de son sceau ; que nous attendrons cette réponse ici, derrière les murs du couvent ; que, si elle est mauvaise, nous retournerons à Suez, renonçant au désert arabe, pour nous rendre à Jérusalem par mer. Mais ces derniers points sont ruses et mensonges, car nous quitterons le couvent dans trois jours pour aller au-devant de notre messager (qui demande six journées et sept nuits pour accomplir son voyage) et l’attendre en un point convenu, à trois étapes d’ici, au croisement de deux vallées, qui vont, l’une vers Pétra, l’autre vers Nackel. Si la réponse est mauvaise ou si le messager ne revient pas, nous obliquerons de là sur l’oasis de Nackel, pour contourner les territoires du grand cheik sans qu’il se doute de notre passage.



Nous voilà donc, pour trois jours de plus, les hôtes du couvent funèbre que nous pensions quitter demain