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notre vie nomade dans une direction moins fréquentée et moins sûre.



C’est ici et c’est aujourd’hui que nous devons prendre un parti définitif au sujet de notre passage par le désert de Pétra.

Et cela donne sujet à de longs conciliabules avec notre guide, avec les Arabes de notre escorte et avec les prudents moines de ce couvent, — discussions de Babel où se parlent le grec, l’arabe, le turc, le français et l’anglais. Le tout se complique de l’interdiction aux Bédouins de pénétrer dans le monastère ; les nôtres tiennent donc leur conseil particulier en bas, dans le chaos des rochers rouges, assis en rond sur le granit, et, chaque fois qu’on a besoin de leur demander un avis ou de leur communiquer une idée nouvelle, il faut descendre quatre à quatre, par la série des petits escaliers croulants, et franchir les triples portes des remparts.

Enfin, voici notre décision prise : le plus fidèle de nos Bédouins va partir ce soir, sur le plus rapide de nos dromadaires, pour aller trouver le cheik rebelle. Il lui portera la lettre du séïd Omar, une autre d’un saint hadji de la Mecque, qui nous recom-