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entièrement bardée de fer, et millénaire pour le moins. — Nous passons. — Deux autres petites portes semblables viennent après, coupant un chemin voûté qui tourne dans l’épaisseur d’un rempart. Elles se referment après notre passage, avec un bruit de heurt d’armures. — Nous sommes entrés.

Et tout cela, nos costumes aidant, est du plein moyen âge : quelque arrivée nocturne de Sarrasins, dans un château de jadis…

Grimpons encore, sur des granits vaguement taillés en forme de marches, grimpons par une série d’escaliers croulants, dans l’intérieur de cette forteresse où se superposent et se confondent, aux lueurs de nos lanternes, de bizarres assemblages de maisonnettes arabes. C’est tout en haut que nous devons habiter, dans une sorte d’hôtellerie pour les pèlerins, dont les chambres pauvres et primitives donnent toutes sur un même long balcon aux balustrades déjetées.

Des moines hospitaliers, en robe noire et en longs cheveux de femme, s’empressent de nous réconforter avec un peu de café chaud, avec un peu de braise allumée pour nous dans des vases de cuivre. Tout a un air de misère insouciante et de délabrement oriental, dans ce couvent âgé d’une quinzaine de siècles. Nos chambres, pareilles, sont comme dans