des grains de neige ou de grêle tombent encore sur nous.
Par mille mètres d’altitude environ, nous campons, au crépuscule d’hiver, entre des roches de cauchemar. C’est à l’ouverture d’une vallée large, sorte de plaine, murée de partout comme avec des amas de monstres morts.
Parmi ces grandes bêtes fossiles dont nous sommes entourés, nos Bédouins se cherchent des abris et allument des feux, sous des pattes, sous des têtes, sous des ventres, qui ont des poils presque luisants. Le ciel, d’une opacité de plomb, se mêle aux choses de la terre dans une confusion obscure. Cependant un reste de jour livide traîne encore, permettant de prendre conscience des lointains de cette plaine fermée, juste assez pour percevoir ce qu’ils ont de sinistre.
Et toujours la neige tombe, tombe sur notre campement perdu.
Alors, on sent bien ne pas être tout à fait des hommes de la tente, malgré le charme de la vie nomade par les belles journées de soleil ; l’homme des maisons de pierre, qui s’est formé au fond de nous-