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IX

Marché tout le matin dans d’interminables vallées semblables, aux parois de granit rouge, montant par des pentes insensibles vers le grand Sinaï où nous serons demain. Elles s’élargissent, les vallées, et les montagnes s’élèvent ; tout devient de plus en plus grandiose parmi les nuées changeantes et sombres ; là-bas, devant nous, par de gigantesques baies de pierre qui s’ouvrent, nous commençons à apercevoir de plus hautes cimes encore, avec de blanches neiges, éclatantes sur l’obscurité des fonds et du ciel. Et un vent glacé se lève, venant d’en face, des contreforts du Sinaï ; il nous inonde de pluie fouettante, de neige fondue, de grésil ; nos chameaux crient et tremblent de froid ; nos légers vêtements de laine blanche, nos minces souliers d’Arabe, tout