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La région est moins désolée aussi, car voici des arbres, les premiers sur notre chemin depuis cinq jours. Oh ! de bien misérables petits arbres, espèces de mimosas épineux, comme ceux du Sahara, du Sénégal et d’Obock ; à ce printemps hâtif, ils sont fraîchement reverdis d’imperceptibles feuilles pâles. Et par terre, il y a quelques fleurettes blanches, très fines, parmi les granits émiettés.

À un carrefour de ces vallées, rencontré deux adorables bébés bédouins, le frère et la sœur, qui nous regardent venir avec un effarement dans leurs yeux de sombre velours. Ils nous disent qu’il y a des campements par là, dans la montagne ; en effet, nous entendons dans le lointain l’aboiement des chiens de garde signaler notre présence. Et bientôt après, nous apercevons des troupeaux de chèvres, que gardent des Bédouines vêtues et voilées de noir.

Le vieux cheik de nos chameliers vient ensuite me demander la permission de nous quitter jusqu’à demain, pour aller dans cette tribu où il a des fils.



Nous passons dans les parages de la « Montagne de la Myrrhe » et maintenant tout le désert em-