Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au silence, et ne rien entendre, ni un chant d’oiseau, ni un bourdonnement de mouche, parce qu’il n’y a rien de vivant nulle part…

Après l’aube froide, tout de suite le soleil monte et brûle. Les quatre heures de route du matin, marchant vers le Levant, avec la lumière en face, sont les plus éblouissantes du jour. Ensuite, en un lieu quelconque choisi par notre fantaisie, sous une tente légère et vite dressée, c’est la halte de midi, pendant laquelle la caravane plus nombreuse, plus lente, de nos Bédouins et de nos chameaux porteurs nous rejoint, passe avec des cris de fête sauvage, et disparaît dans l’inconnu d’en avant. Puis, après les quatre heures encore d’étape du soir, c’est enfin la bonne arrivée dans le lieu toujours imprévu du repos de nuit, c’est la joie simplement physique de retrouver sa tente, devant laquelle le dromadaire docile vous dépose en s’agenouillant.



Ce matin, nous commençons la journée dans des vallées chaudes, entre d’étouffantes montagnes. Le soleil est morne, morne ; c’est comme un grand éblouissement triste qui tomberait du ciel. Sur le sable qui miroite, les yeux fatigués suivent les