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II

Après cela, Moïse fit partir les Israélites de la mer Rouge, et ils tirèrent vers le désert de Sur ; et, ayant marché trois jours par le désert, ils ne trouvaient point d’eau.
(Exode, XV, 22.)
Vendredi, 23 février.

Dans des barils et des outres, l’eau du Nil nous suit au désert de Sur. Tout le jour, cheminé dans l’immensité des sables arides, suivant ces vagues traces que font, à force de siècles, les rares passages des hommes et des bêtes, et qui sont les chemins du désert. — Au loin, les monotones horizons tremblent. Des sables semés de pierres grisâtres ; tout, dans des gris, des gris roses ou des gris jaunes. De loin en loin, une plante d’un vert pâle, qui donne une imperceptible fleur noire — et les longs cous des chameaux se baissent et se tendent pour essayer de la brouter.

Les horizons tremblent de chaleur. Parfois on espère rencontrer, pour sa tête, l’ombre d’un nuage errant dans l’infini du ciel, ombre errante aussi sur