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aux pieds de cocotiers gigantesques, et enfouie sous la verdure… — C’était la sienne. — Elle est encore là à sa place……

» — On me l’a indiquée, — mais c’était inutile, tout seul je l’aurais reconnue……

» Depuis son départ, elle est restée vide ; le vent de la mer et les années l’ont disjointe et meurtrie ; les broussailles l’ont recouverte, la vanille l’a tapissée, — mais elle a conservé le nom tahitien de Georges, on l’appelle encore « la case de Rouéri…… »

» La mémoire de Rouéri est restée en honneur chez beaucoup d’indigènes, — chez la reine surtout, par qui je suis aimé et accueilli en souvenir de lui.

» Tu avais les confidences de Georges, toi, ma sœur ; tu savais sans doute qu’une Tahitienne qu’il avait aimée avait vécu près de lui pendant ses quatre années d’exil…

» Et moi qui n’étais alors qu’un petit enfant, je devinais tout seul ce que l’on ne me disait pas ; je savais même qu’elle lui écrivait, j’avais vu sur son bureau traîner des lettres, écrites dans une langue inconnue, qu’aujourd’hui je commence à parler et à comprendre.