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chemin d’Apiré, on trouvait un large bassin naturel, creusé dans le roc vif. — Dans ce bassin, le ruisseau de Fataoua se précipitait en cascade, et versait une eau courante, d’une exquise fraîcheur.

Là, tout le jour, il y avait société nombreuse ; sur l’herbe, on trouvait étendues les belles jeunes femmes de Papeete, qui passaient les chaudes journées tropicales à causer, chanter, dormir, ou bien encore à nager et à plonger, comme des dorades agiles. — Elles allaient à l’eau vêtues de leurs tuniques de mousseline, et les gardaient pour dormir, toutes mouillées sur leur corps, comme autrefois les naïades.

Là, venaient souvent chercher fortune les marins de passage ; là trônait Tétouara la négresse ; — là se faisait à l’ombre une grande consommation d’oranges et de goyaves.

Tétouara appartenait à la race des Kanaques noirs de la Mélanésie. — Un navire qui venait d’Europe, l’avait un jour prise à mille lieues de là, dans une île avoisinant la Calédonie, et l’avait déposée à Papetee, où elle faisait l’effet d’une personne du Congo que l’on aurait égarée parmi des misses anglaises.