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pompeux, accusant des prétentions, sans doute illusoires, à la souveraineté et à la durée. Trop de statues, vraiment, alignées à terre le long des rampes, ou bien perchées en haut sur les frises. C’est inimaginable, la quantité de bonshommes ou de bêtes qui se détachent sur le ciel incolore grandes silhouettes figées, grands gestes tragiques sur les nuages, chevaux cabrés aux angles des toits, battant l’air de leurs pattes. Et aussi tant d’ailes, noires ou dorées, de Génies, de Victoires, d’aigles surtout ; d’aigles prêts à fondre et à lacérer.

Il n’est pas jusqu’à la religion protestante qui, déviée de son vrai sens, ne paraisse ici devenir ambitieuse et antichrétienne, dans cet immense temple de luxe, trop surchargé de colonnes, de coupoles, et n’ayant pas, comme les admirables cathédrales gothiques, l’excuse du temps, puisqu’il date d’hier… Oh ! les humbles temples, blancs