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barets à l’américaine. C’est l’heure où la foule lamentable des ouvriers quitte les usines, visages noircis par ce hideux charbon de terre, qui aura été, plus que l’alcool peut-être, le fléau destructeur de notre espèce. Et là-bas, sur la rive d’en face, au pied de ces montagnes qui ne connaissaient naguère que les cèdres, les bambous et les pagodes, des tuyaux fument, fument, empoisonnent l’air du soir, et des machines sifflent, crient avec des voix de Guignol : là est l’arsenal maritime, où l’on s’épuise nuit et jour à construire les plus ingénieuses machines, pour ces grandes tueries d’ensemble, inconnues à nos ancêtres.