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aussi vite que permettent leurs sandales attachées entre le pouce et les doigts ; elles sont habillées de clair, de nuances tendres, et des piquets de fleurs artificielles rehaussent leur chignon aux coques parfaites. Des bébés adorables, aux yeux de chat, trottinent se donnant la main, l’air important, en longue robe de cérémonie, coiffés d’une manière très apprêtée, avec des petites touffes, des petits pinceaux de cheveux s’érigeant dans diverses directions. Enfin messieurs les portefaix et messieurs les coureurs sont eux-mêmes en tenue de gala, en robe de coton bleu bien neuve et bien raide, ornée de larges inscriptions blanches sur le dos et la poitrine ; ils tiennent à la main les cartes de visite qu’ils vont au pas de course distribuer à leurs brillantes relations.

Une maison neuve, à peu près européenne, dont les abords sont encombrés par les djinrichas d’innombrables visiteurs : c’est chez le gouverneur de la ville, qui nous reçoit avec le frac brodé et le sourire officiel des préfets d’Occident.