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LVI



Mardi, 29 octobre.

Encore un des matins charmants d’ici ; l’avant-dernier, puisque demain, à la première heure, ce sera le départ. Une aube rosée et adorablement confuse, sur les grandes montagnes qui entourent le Redoutable et sur l’appareillage silencieux des jonques de pêche, aux voiles à peine tendues, glissant toutes vers le large comme ces bateaux de féerie qui n’ont pas de poids et que l’on fait passer doucement sur de l’eau imitée.

C’est étrange, je me sens plus triste à ce départ qu’à celui d’il y a quinze ans, — sans