dant des zouaves improvisa une chose qui ne s’était jamais vue : en passant à l’arrière du cuirassé, sous la galerie où se tenait notre amiral, faire déployer le drapeau du bataillon, son drapeau d’Afrique et l’incliner devant lui.
Alors, à cette apparition, qu’on n’attendait pas, du vieux fétiche aux trois couleurs, les hourras plus formidables s’élevèrent à nouveau des mille poitrines de ces exilés, — venus ici, dans ce golfe morose, sacrifier sans une plainte des années de jeunesse et risquer d’y mourir.
Et tout cela, c’était de la beauté, de la vie : enthousiasme des jeunes, des braves, des simples, pour des idées simples aussi, mais superbement généreuses, — et sans doute éternelles, malgré l’effort d’une secte moderne pour les détruire.
Les cris finissaient et le silence retombait à peine, quand je fus averti par un timonier que l’amiral me demandait sur sa galerie :
— Je voulais savoir, me dit-il, si vous étiez sur le pont, si vous aviez assisté à ça… N’est-ce pas, c’était beau ?…