Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De ce pétrissage résultèrent bientôt une vingtaine de boules sombres, grosses comme des oranges ; madame La Cigogne, qui les avait tant tripotées, paraissait ne plus oser les toucher du bout de l’ongle, maintenant qu’elles étaient à point ; pour éviter même un frôlement, elle les servit aux dames à l’aide de bâtonnets, avec des précautions de chatte qui a peur de se brûler ; et ces boules faisaient pouf, pouf, en tombant dans les assiettes, comme des choses très pesantes, comme des pelotes de mastic ou de ciment.

Après avoir grignoté quelques menues sucreries, chacune de ces femmes distinguées, avec mille grâces, avala une demi-douzaine de ces objets compacts et noirs. Des autruches en seraient mortes sur le coup. L’enfant aux dessous simplifiés en avala trois. Et, quand il s’agit de régler, ce fut un dialogue dans ce genre :

— Combien dégosarimas vous devons-nous[1] ?

  1. Ikoura degosarimaska ? — Itchi yen ni djou sen degosarimas.