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de crin noir ! Au milieu de parcs silencieux et murés, qui déjà retournaient à la brousse, au hallier primitif, c’était une confusion de lourds bâtiments pompeux ou de kiosques frêles, tout cela fermé et en pénombre sous de grands stores ; quelque chose comme les quartiers de la « Ville jaune » à Pékin, avec les mêmes toitures de faïence aux lignes courbes, les mêmes terrasses de marbre ; à tous les perrons, des monstres gardiens, accroupis comme là-bas, mais ayant une figure autre, un rictus de férocité différente. Dans les cours dallées, l’herbe des champs croissait entre les larges pierres blanches ; parmi ces marbres, déjà très disjoints, mûrissaient de petites fraises sauvages, que je cueillais en chemin et qui montraient partout leurs gentilles taches rouges sur ces blancheurs mornes. Il y avait aussi, entre des murs ou des rochers naturels, quelques jardinets très enclos pour les mystérieuses promenades des princesses de jadis ; parmi des potiches et de prétentieuses rocailles, il y fleurissait des pivoines, des roses, des iris, malgré l’envahissement des ronces et des graminées