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La parade finie, c’était l’heure des audiences et des Conseils. Alors, dans d’élégantes chaises de laque, on apportait quantité de cérémonieux personnages en robe de soie à fleurs, coiffés de ce haut bonnet, — avec deux espèces de pavillons comme des oreilles écartées, comme des antennes — qui s’est démodé en Chine depuis environ trois siècles. Et, tandis que les abords du portique rouge s’encombraient de toutes ces belles chaises au repos et de leurs longs brancards flexibles gisant par terre, Je regardais ces gens de Cour gravir l’un après l’autre les marches du seuil impérial, puis disparaître dans le palais : dignitaires antédiluviens qui venaient régler les choses du vieil empire croulant ; sous leur costume d’apparat, ils avaient l’air de grands insectes, aux têtes compliquées, aux élytres chatoyants.

Alentour, le soleil de juin s’épandait en lumière de fête sur les grisailles de Séoul, qui reste la plus parfaitement grise de toutes ces antiques cités, encore vivantes en extrême Asie. Et c’était un soleil brûlant, car le climat de Corée est excessif, comme celui de la