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tombée. Un col bleu ! Un matelot de chez nous peut-être : cela leur arrive… Non, un allié seulement. L’allumette, qui brûle une demi-seconde et que le vent de neige m’éteint aussitôt, me montre dans un éclair une figure de Russe, à belle moustache jaune, ivre-mort. Que faire pour ce pauvre diable, que de vilains petits rôdeurs japonais sont capables de noyer, comme cela s’est vu plus d’une fois depuis l’arrivée des escadres ?… Bon ! voici maintenant deux autres silhouettes humaines qui se dessinent et s’approchent. Encore des grands cols. Ah ! je les connais, ceux-là : deux du Redoutable. Un peu gris, ayant envie de rentrer à bord et ne sachant comment s’y prendre. C’est bien, je leur donnerai place, mais ils emporteront le Russe, qu’en passant on déposera à bord d’un bateau quelconque de sa nation. Un par les pieds, un par la tête, ils le descendent pendant que le sampanier, tenant au bout d’un bâtonnet le petit ballon rouge de sa lanterne, éclaire de son mieux, sur les marches où l’on glisse, cette scène d’ensevelissement.

Insinuons-nous donc tous au fond du sarco-