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de voir le principal personnage de la comédie soulever cette inexplicable joie dans le public.

L’époux malheureux, à la fin, las de ne jamais trouver le coupable sur la scène, fit irruption dans la salle, toujours son bougeoir à la main, toujours sautillant sur la même petite ritournelle d’orchestre, et se mit à regarder sous le nez, avec un air de soupçon farouche, tous les spectateurs mâles assis au parterre. Alors cela devint des pâmoisons, du délire. Et toutes les petites poupées, que cela dérangeait, commencèrent de se plaindre, en roulant leurs yeux de jais noir.

Seule, madame Prune demeurait guindée, et n’épargnait point ses critiques à la pièce : ça n’était pas pris sur le vif, pas vécu ; et puis, voyons, est-ce que M. Sucre, — qui reste à ses yeux l’idéal du genre, — est-ce que jamais M. Sucre aurait eu l’idée d’aller chercher comme ça, partout, avec une lanterne ?…