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demandent, rien que par leur ton respectueux pour dire : cela vient de Chine, rendent tous un hommage involontaire à l’art de ce pays, — cet art typique et primordial, d’où l’art japonais dérive, comme une branchette particulièrement gracieuse, mais frêle et de nuance pâlie, qui aurait jailli d’un grand arbre exubérant. À la profusion et à la magnificence de leurs maîtres chinois, ces petits insulaires d’en face ont substitué la simplicité élégante et la précision minutieuse ; à la franche gaîté des couleurs, à l’éclat des verts accouplés aux roses, les nuances estompées, dégradées et comme fuyantes. Et enfin, pour les palais et les temples, au lieu de ce perpétuel flamboiement des ors rouges, qui devient une obsession d’un bout à l’autre de la Chine, ils ont adopté les laques noirs polis comme des glaces, les boiseries incolores finement ajustées comme les pièces d’une horloge, et les panneaux d’impeccable papier blanc.

Parmi tant de surprenantes boutiques, celles qui donnent le plus à réfléchir sont pour moi, dans une rue que les étrangers connaissent à