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trahis et nous trahiront toujours. » Vraiment ? Je demande qu’on me fasse voir ces trahisons-là ! Ceux qui ont employé ce mot semblent en ignorer même le sens ; pour qu’il y ait trahison, il faut d’abord qu’il y ait traité, engagement, promesse. Or les Turcs non seulement ne nous avaient jamais rien promis, mais ne nous devaient rien non plus, moins que rien. Dans de précédents écrits, je crois bien avoir rappelé, établi jusqu’à l’évidence que, depuis la guerre de Crimée, nous n’avons fait autre chose que marcher avec leurs ennemis, leur nuire de toutes les manières, leur causer déceptions sur déceptions et, ce qui leur a été plus sensible que tout, les insulter de parti pris, toujours et quand même. Ils avaient cent fois le droit de nous déclarer la guerre. Cependant ils ne l’ont fait que par contrainte, on sait comment, et encore n’est-ce pas à nous qu’ils l’ont déclarée, oh ! non, mais aux Russes, leurs ennemis héréditaires, qui ne s’étaient jamais cachés de leur intention obstinée de les anéantir à bref délai ; c’est croyant trouver une occasion unique de leur échapper, à ceux-là, qu’ils se sont jetés dans les bras de l’Allemagne ; qui donc n’aurait pas fait comme eux ! Mais, avec notre tendance à croire que tout nous est dû, nous avons crié à la