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eux ; ils désiraient ardemment le protectorat français ; nos représentants officiels là-bas l’ont assez dit, ont assez souvent transmis leurs vœux à Paris, où l’on n’a rien voulu entendre. C’est que nous avons, hélas ! au gouvernement, et tout près du grand chef, un influent politicien dont chacun connaît depuis longtemps les rancunes personnelles contre, la Turquie ; il a été un des principaux auteurs de l’impitoyable accueil que les Turcs ont rencontré chez nous, et il vient de causer ainsi à notre pays un désastreux préjudice. Ces Turcs, qui n’avaient jamais cessé, au fond, de nous aimer et de nous donner sans conteste le premier rang parmi les nations européennes, ces pauvres Turcs, nous les avons tellement déçus et tellement insultés que non seulement nous venons de perdre à jamais en Orient cette suprême prépondérance, acquise par des siècles d’effort, mais que même nous ne sommes pas loin de nous y faire haïr ? L’agression grecque sur Smyrne a porté le dernier coup à notre influence.

Hélas ! quelle aberration nous a fait sacrifier ainsi nos propres intérêts pour servir la mauvaise cause des Grecs ? Après Smyrne, il est maintenant question de leur donner aussi la Thrace ! Ne sait-on donc pas chez nous que ces