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des femmes et des enfants, car ces plus récentes tueries avaient été opérées dans des villages d’où les hommes étaient partis pour la guerre. Seulement les Turcs n’ont pas, comme eux, fatigué de tout temps les oreilles du monde entier par l’excès de leurs plaintes. Surtout ils ne sont pas chrétiens, les pauvres Turcs, et c’est là, aux yeux de l’Europe, une tare capitale. Les Arméniens et les Orthodoxes en ont-ils assez usé, abusé et surabusé, de ce titre de chrétien qui chez nous impressionne même les matérialistes et les athées !

Quant au chiffre de victimes accusé par les Arméniens, il dépasse de plus du double celui de leur population totale ; or, il en reste encore partout, des centaines et des centaines de milliers ; des régions entières en sont peuplées là-bas, — sans compter tous ceux dont l’occident de l’Europe est encombré…

Quant aux insultes et aux menaces dont je ne cesse d’être accablé par les Levantins, si j’en fais mention, c’est uniquement parce qu’elles fournissent une sorte de critérium des mentalités diverses et, dans une certaine mesure, elles peuvent servir à juger les peuples de qui elles émanent. Celles des Grecs ont été en général discrètes et même camouflées sous un sem-