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des petites rues musulmanes, les mêmes passants, les mêmes femmes voilées, les mêmes Osmanlis pensifs et graves, en turban et en longue robe ; quand il n’y aura plus tous ces accueillants petits cimetières, disséminés au milieu des vivants pour adoucir l’idée de la mort ; surtout quand, aux heures des cinq prières, on aura cessé d’entendre planer, au-dessus de toutes les choses silencieuses et recueillies, les hautes vocalises éperdues des muezzins.


P.-S. — Mes premiers réquisitoires contre les Arméniens étaient moins durs, et cette pitié, qu’ils m’inspirent cependant toujours, était plus profonde parce que je les connaissais moins. Il est regrettable pour eux, — du reste comme pour les Grecs, — que la guerre ait permis à trop de témoins européens de pénétrer au cœur de leur pays et de les voir à l’œuvre ; alors beaucoup de légendes sont tombées. On sait à présent que, s’ils ont été massacrés, ils ne se sont jamais fait faute d’être massacreurs. Maints rapports officiels en font foi. J’ai envoyé dernièrement à l’Illustration des photographies de charniers de Turcs préparés par leurs mains chrétiennes et où figuraient au tableau surtout