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battant comme des chiens, à coups de croix d’argent ou d’encensoirs d’or !… Ah ! oui, qu’on laisse les Turcs à Constantinople ; avec leur tendance à s’immobiliser, que critiquent certains psychologues à courte vue, mais qui est leur suprême sagesse au contraire, ils maintiendront là un centre bienfaisant de paix et de loyauté inaltérable, surtout quand ils s’y trouveront vraiment en sécurité ; quand on les aura un peu débarrassés de l’élément levantin, quand ils ne se sentiront plus les parias à qui l’Europe donne toujours tort et vers qui convergent toutes les convoitises effrénées, — surtout quand ils n’auront plus la continuelle menace de ces innombrables multitudes russes, qui ne cessent de loucher de leur côté et de répéter à qui veut l’entendre, sur la fin de tous leurs banquets : il faut en finir avec les Turcs !… Les Russes, malgré leurs trahisons, aucun de nous n’arrive à les haïr, mais enfin qu’on nous dise tout de même sur quoi ils se basent pour revendiquer Constantinople ! Ils n’ont à cela ni droit héréditaire, ni droit ethnographique, ni excuse quelconque, et leur présence, à l’entrée de ce couloir le plus important du monde, serait un perpétuel danger pour l’Europe. Mais ce que je viens de dire là est tout à fait en dehors de