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contre le principe des nationalités si souvent invoqué de nos jours, que de leur arracher ce sol, conquis jadis par les armes, il est vrai, mais qui, avec les siècles, est devenu leur vraie patrie. Ils continueront de nous y donner plus que jamais, et à nous Français surtout, cette complète et affectueuse hospitalité à laquelle ils nous ont habitués depuis leur arrivée en Europe. Pour ce qui est de leur tolérance religieuse, je voudrais que tant de catholiques de chez nous, qui les accablent, pussent interroger nos prêtres et nos bonnes sœurs qui là-bas les coudoient chaque jour ; ils apprendraient ainsi que même toutes les manifestations extérieures du culte sont largement protégées chez eux, et que les processions, les bannières, interdites en France, circulent librement dans les rues de Constantinople, où les Turcs sont les premiers à les saluer au passage. Que l’on essaie donc de faire défiler une procession catholique dans certains pays orthodoxes ou exarchistes !… Et qu’adviendra-t-il en Palestine, quand on n’aura plus, comme gardiens aux portes du Saint-Sépulcre, les bons Turcs toujours prêts à mettre le holà, quand les représentants des différentes sectes chrétiennes levantines qui s’exècrent les uns les autres, commencent d’ensanglanter les basiliques, en s’y