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plus en plus par l’excès de l’instruction, le surmenage intellectuel, l’usine meurtrière et l’alcool ; je ne puis penser sans une spéciale mélancolie à ces femmes massacrées qui, pour la plupart sans doute, avaient d’admirables yeux de velours…

Plus d’une fois, à Paris, quand il m’est arrivé dans la conversation d’attribuer aux Arméniens la part de responsabilité qui leur incombe dans leurs souffrances, des petits messieurs suffisants, qui parlaient des questions orientales comme un aveugle parlerait des couleurs, m’ont répondu, croyant être spirituels : « Alors, c’est le lapin qui a commencé ? » — Eh bien ! mais… tout au moins pour les massacres de 1896 qui furent les plus retentissants, c’était carrément le lapin !… Ici, je m’excuse de me citer moi-même ; je veux cependant reproduire ce passage d’un livre intitulé Turquie agonisante, que j’ai publié en 1913 :

« Avant de rejeter sur les Turcs toute l’horreur de ces massacres de 1896, il faudrait d’abord oublier avec quelle violence le « parti révolutionnaire arménien » avait commencé l’attaque. Après avoir annoncé l’intention de mettre le feu à la ville, qui « à coup sûr, disaient les affiches effrontément placardées, serait bientôt réduite à un désert de cendre » (sic), un parti