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point cessé de nous aimer malgré nos outrages ? — Non, mais qu’importe, ce sont les Turcs, toujours les Turcs !…

Parler maintenant de la race arménienne m’est plus pénible que l’on ne voudra le croire, car l’excès de ses malheurs me la rendrait presque sacrée ; aussi ne le ferai-je que dans la mesure de ce qu’il faudra pour défendre mes amis par trop calomniés. Si j’ai pu prétendre et soutenir que tous les Français qui ont habité la Turquie, même nos religieux et nos religieuses, donnent aux Turcs leur estime et leur affection, par contre je crois bien que l’on trouverait à peine un d’entre nous sur cent qui garde bon souvenir de ces malheureux Arméniens. Tous ceux qui ont noué avec eux des relations quelconques, mondaines ou d’affaires, — d’affaires surtout, — s’en détournent bientôt avec antipathie. En ce qui me concerne, je suis mal tombé peut-être, mais je puis attester qu’à de rares exceptions près, je n’ai rencontré chez eux que lâcheté morale, lâchage, vilains procédés et fourberie. Et comme je comprends que leur duplicité et leur astuce répugnent aux vrais Turcs, qui sont en affaires la droiture même ! Leurs pires ennemis sont les premiers à le reconnaître.