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Aux Balkans, chez les chrétiens, le massacre et la persécution subsistent depuis des siècles à l’état chronique : orthodoxes contre catholiques, exarchistes contre uniates et contre musulmans ; comitadjis brochant sur le tout et, sans choisir, massacrant pour piller. Pendant la guerre déclarée en 1912 à la Turquie déjà aux prises avec l’Italie, les massacreurs ont été odieusement du côté de certains alliés chrétiens ; dans un précédent livre je crois en avoir donné d’irréfutables preuves, en publiant mille témoignages autorisés et signés, et des rapports dûment authentifiés de commissions internationales. N’ai-je pas prouvé aussi qu’en Macédoine les musulmans avaient été massacrés par milliers, de la plus hideuse manière. Mais cela ne fait rien, pour le public d’Occident, ces crimes-là n’ont d’importance que s’ils sont commis par les Turcs. Non, ce sont les Turcs, toujours les Turcs ! Aux autres, nous pardonnons tout. Nous n’en avons point voulu aux Russes de l’énormité de leur trahison, ni des horreurs sanglantes de leur bolchevisme. Sans peine nous avons pardonné aux Grecs le récent assassinat de nos chers matelots à Athènes ; — nous ont-ils jamais fait l’équivalent d’une pareille traîtrise, ces pauvres Turcs, qui n’ont