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les détails enlaidis à plaisir ; je prétends aussi, et personne là-bas n’osera me contredire, que la beaucoup plus lourde part des excès commis revient aux Kurdes dont je n’ai jamais pris la défense[1].

Je prétends surtout que le massacre et la persécution demeurent sourdement ancrés au fond de l’âme de toutes les races, de toutes les collectivités humaines quand elles sont poussées par un fanatisme quelconque, religieux ou antireligieux, patriotique ou simplement politique ; mais voilà, les Turcs sont les seuls à qui on ne le pardonne pas !

Nous Français, nous avons eu la Saint-Barthélemy, — à quoi l’on chercherait en vain un semblant d’excuse, — et puis les dragonnades, et puis la Terreur, et qui sait, hélas ! ce que demain nous réserve encore… L’Espagne a eu l’inquisition ; elle a cruellement persécuté et expulsé les juifs, qui du reste se sont réfugiés en Turquie, où, ne faisant point de mal, ils ont été accueillis avec la plus absolue tolérance et sont devenus de dévoués patriotes ottomans.

  1. Sait-on qu’à une des dernières séances de la Chambre à Constantinople, des députés musulmans, après avoir stigmatisé avec violence les massacres, ont fait l’éloge de gouverneurs de province pour avoir protégé les Arméniens malgré l’ordre d’extermination venu du Sultan.