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point de reproche, bien au contraire. Leurs petites villes immobilisées de l’intérieur, leurs villages, leurs campagnes, sont les derniers refuges, non seulement du calme, mais de toutes les vertus patriarcales qui, de plus en plus, s’effacent de notre monde moderne : loyauté, honnêteté sans taches ; vénération des enfants pour les parents poussée à un degré que nous ne connaissons plus ; inépuisable hospitalité et respect chevaleresque pour les hôtes ; élégance morale et délicatesse native, même chez les plus humbles ; douceur pour tous — même pour les animaux ; — tolérance religieuse sans bornes pour quiconque n’est pas leur ennemi ; foi sereine et prière. Dès qu’on a quitté, pour arriver chez eux, notre Occident de doute et de cynisme, de tapage et de ferraille, on se sent comme baigné de paix et de confiance, on croit avoir remonté le cours des temps jusque vers on ne sait quelle époque imprécise, voisine peut-être de l’âge d’or.

Tout ce que j’avance là n’est plus contestable que pour les ignorants obstinés ; des témoins par milliers sont prêts à l’affirmer et tous nos combattants de cette dernière guerre 116 demandent qu’à déposer très affectueusement pour les Turcs, devant le grand tribunal