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pour cette malheureuse Arménie dont le châtiment a peut-être trop dépassé les fautes… Ces massacres, des esprits malveillants se figurent, paraît-il, que j’ai la naïve impudence d’essayer de les nier, d’autres me méconnaissent jusqu’à croire que je les approuve ! Oh ! si l’on retrouvait quelque jour mes lettres de 1913 à l’ancien prince héritier de Turquie, ce Youzouf-Izeddin, assassiné depuis par les Boches, ce prince ami de la France qui avait autorisé mon franc-parler avec lui, on verrait bien ce que je pense de ces tueries !

Pour commencer, je reparlerai d’abord des Turcs, — mais je désigne par ce nom les vrais, ceux du vieux temps qui, Dieu merci, constituent là-bas une majorité innombrable ; je n’entends pas ceux des nouvelles couches qui sont des exceptions, qui renient tout le passé ancestral, qui veulent plutôt renchérir sur nos déséquilibrements et notre modernisme ; et j’entends moins encore ces Levantins, métis de tous les sangs, que notre étonnante ignorance des choses orientales nous fait confondre avec les purs Osmanlis. Pour les juger impartialement, eux, les vrais, il faut les considérer, je l’accorde, comme un peuple qui retarde de quelques siècles sur le nôtre, — et je ne leur en fais