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Cette petite Bulgarie, féroce et dix fois traîtresse, non seulement nous la laissons subsister, mais nous allons jusqu’à l’entourer de sollicitude, nous tenons à la doter d’un débouché sur la mer pour assurer son développement barbare, tandis que nous voulons enlever à la Turquie son seul port en Asie Mineure, le seul par où elle puisse respirer et vivre ! Cette malheureuse Turquie, notre alliée séculaire, qui nous aime encore malgré tout et ne demanderait qu’à nous rendre nos privilèges d’autrefois si seulement nous faisions vers elle un geste moins implacable ; cette malheureuse Turquie, elle est la seule que nous nous obstinons à anéantir, sans vouloir comprendre que nous anéantissons du même coup notre prépondérance séculaire en Orient ; sans nous apercevoir que nous faisons le jeu d’une grande puissance rivale qui se hâte là-bas de prendre notre place, sans même songer (pour parler de petites choses plus pratiques) qu’en nous éclipsant ainsi « des Échelles du Levant » nous nous privons d’un revenu annuel d’environ deux milliards… Ici, pour ces questions économiques où j’avoue mon incompétence, je prie les lecteurs de se reporter à un irréfutable et lumineux article publié le 11 août en deuxième page du Figaro