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pour citer à nouveau ce passage des mêmes dépêches officielles du commandant du Bruix : « Je suis assailli de plaintes de Français volés et maltraités par les Grecs. »

Et voilà donc les fidèles et sûrs amis aux­quels nous sacrifions avec une si aveugle géné­rosité nos intérêts vitaux en Orient ! Les pauvres Turcs, au contraire, nous les accablons impi­toyablement et au mépris de tous les principes wilsoniens sur les droits imprescriptibles des nationalités. Comme si cela ne suffisait pas, nous les insultons aussi de la façon la plus révoltante, tout en exaltant ces Grecs nos chers alliés. Des petits journalistes (Dieu merci, des tout petits, je suis heureux de le reconnaître), ignorants de la question comme des carpes, ne craignent pas d’écrire de ces phrases mons­trueuses : « Quant aux Turcs, nous n’avons qu’à les traiter comme des bêtes fauves » (sic). C’est là notre remerciement, alors que nos officiers, nos soldats n’ont qu’une voix pour dire les égards chevaleresques dont les nôtres ont été très spécialement entourés en Turquie, aussi bien pendant les batailles que depuis l’armistice ; qu’une voix pour proclamer la sympathie persistante que les Turcs nous témoignent et leur délicate loyauté.