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Telle fut donc, au dire des témoins véridiques, français ou anglais, cette « entrée triomphale » que la plupart de nos journaux contèrent en ces termes :

« Les troupes grecques ont débarqué à Smyrne, au milieu de l’enthousiasme universel ! »

En outre, dans les rues de Constantinople, les officiers grecs, arrivés à notre suite, bousculent volontiers les nôtres qui, pour la plupart, se plaignent de leur arrogance, et ils ne nous appellent que « ces nigauds de Français ». Naguère, du reste, lors de certains incidents du Bruix qui firent pas mal de bruit — et au sujet desquels les Grecs m’infligèrent un démenti qu’il me fut aisé de démentir à mon tour — le commandant de ce navire avait officiellement télégraphié en clair des accusations terribles contre « les excès abominables des soldats grecs », et parlé d’ « un massacre général de Turcs entrepris dans des conditions particulièrement odieuses ». Tout cela, je l’ai publié il y a sept ans, page 195 de mon livre intitulé : Turquie agonisante. Si j’y reviens aujourd’hui, c’est

    de nouveaux témoignages écrasants et authentifiés. Ainsi, pendant la guerre mondiale ils ont incendié une quinzaine de villages turcs, en Albanie, et horriblement massacré les habitants, sans utilité.