Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donné des armes à la basse populace grecque — même aux femmes, et Dieu sait quel usage, ces dernières en ont fait !… Il y eut 300 Turcs tués et 600 blessés, avec raffinements de barbarie. En criant : « J’em… ton prophète et ta religion » (sic), on arrachait aux musulmanes leurs voiles ; on arrachait aux hommes leur fez et on les obligeait à le piétiner ; s’ils refusaient, on les lardait à coups de baïonnette et on les jetait à la mer. Dans la rage de tuer, les Grecs s’attaquaient même à des étrangers, à des chrétiens ; deux Italiens et un Anglais furent assassinés.

Ensuite vint le pillage de toutes les maisons turques, et il fallut envoyer des détachements de matelots alliés pour protéger les maisons françaises. Les rapports de tous nos officiers présents se terminent et concluent par ces mots : « La conduite des Grecs a été ignoble[1]. »

  1. De bonnes âmes s’obstinant à innocenter les Grecs de leurs atrocités à Smyrne, prétendent qu’ils étaient excusables de ce moment de violence, ayant été massacrés eux-mèmes pendant tant d’années. Vraiment !… Si j’accorde qu’il y a eu plus d’Arméniens massacrés par les Turcs que de Turcs massacrés par les Arméniens, quoiqu’il y en ait eu beaucoup, je proteste avec énergie contre les récits de massacres de Grecs par les Turcs. Que l’on veuille bien consulter tous les témoins sur les horreurs grecques pendant la guerre des Balkans, que l’on veuille bien lire, par exemple, les dépêches officielles du commandant du Bruix sur les événements de Salonique ! Chaque jour du reste m’apporte contre la férocité des Grecs