Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien faire la différence radicale entre les musulmans et les soi-disant chrétiens de la Grèce et de l’Arménie. Mais non, la légende demeure la plus forte, et quand elle finira pourtant par s’évanouir à la lumière de la vérité, il sera sans doute trop tard ; la Turquie aura cessé de vivre.

On se demande quelle excuse les Grecs peuvent bien invoquer pour justifier leur agression sanglante contre Smyrne, contre cette Anatolie qui est un groupement compact de Turcs. Ils n’ont sur ce pays aucune espèce de droits, ni ethnographiques, car ils y sont en minorité accablante, ni historiques, car ils ne l’ont jamais possédé ; en outre, leur présence n’y pourra être qu’une cause perpétuelle de combats et de tueries. Quant à leur manière de s’y prendre, elle a été pire même que lors du guet-apens d’Athènes et de l’assassinat de nos chers matelots. Avec plus de soin encore, le massacre avait été préparé ; comme ils avaient prévu que les Turcs, stoïquement, ne bougeraient qu’à la dernière extrémité, ils avaient amené de Macédoine des agents provocateurs choisis parmi les plus atroces de leurs comitadjis : ils avaient

    cation burlesque : ce ne serait pas sincère de leur part, ce ne serait que pour obéir à un ordre du Pape !

    L’aveu n’en est pas moins à enregistrer.