Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment troublé, mais c’est eux qui sont venus là mettre tout à feu et à sang ! Et la « populace turque », mais ce sont les braves défenseurs de la patrie, qui agissent aussi noblement que nous venons de le faire nous-mêmes contre l’horreur de l’invasion allemande.

La grande masse des Français, aveuglés par de vieilles légendes, s’obstinent à ne regarder les Grecs d’aujourd’hui qu’à travers ceux de l’antiquité, de même qu’ils persistent à considérer les pauvres Turcs comme les bandits que leur dépeignent depuis tant d’années les inlassables calomnies levantines. Il est stupéfiant que les attestations ardentes et unanimes de nos milliers d’officiers et de soldats revenus de Turquie n’aient pu enfin éclairer l’opinion chez nous, et cependant il n’en est pas un seul qui n’ait rapporté de là-bas l’estime, la sympathie pour les Turcs. De grâce, qu’on les interroge ! Leurs témoignages, leurs rapports officiels, il est pourtant facile de les vérifier, en les complétant même, si on le désire, de ceux de nos religieux et de nos religieuses[1] qui savent si

  1. Un journaliste grec, commentant ce chapitre, m’accorde que, en effet, si l’on consulte nos religieux et nos religieuses d’Orient, ils se prononceront sans hésiter en faveur des Turcs contre les chrétiens orthodoxes ; mais il en donne cette expli-