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et grâce à nous, bousculent les officiers français en pleine rue de Péra, et, au café, leur soufflent insolemment au visage la fumée de leur cigare !…

Sans doute la Conférence ne manquera pas de constater aussi, en continuant son examen approfondi de la question, qu’il ne suffit point que l’empire du Khalife subsiste à l’état de fantôme, uniquement pour calmer la rancœur des musulmans et contenter leur rêve religieux : non, il faut qu’il vive et qu’il prospère, et cela, dans l’intérêt égoïste de la France, qui est la nation de l’Europe ayant engagé là le plus grand nombre de milliards. Après la débâcle russe, il serait vraiment excessif d’imposer à notre pays une seconde ruine, par l’effondrement de la Turquie. Or, chacun sait qu’un peuple ne peut vivre et prospérer que s’il a des débouchés pour son commerce, autrement dit des ports de mer. L’Anatolie, qui est un bloc si compact de Turcs, n’a d’autre port que Smyrne : elle étoufferait donc, comme étranglée, si Smyrne ne lui restait pas. Les statistiques établissent, je le sais, que dans cette ville, dans la ville même s’entend, les Grecs dominent, ce qui lui a valu ce surnom de Smyrne l’infidèle ; mais elles établissent avec