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l’histoire n’avait jamais enregistrée, et comme par un fait exprès, c’est toujours uniquement dans les quartiers turcs ainsi que naguère à Salonique ; 60 000 maisons à peu près ont déjà disparu depuis quelques semaines et d’innombrables musulmans sans abri sont forcés de fuir, de s’exiler n’importe où… Par contre, des réfugiés grecs arrivent de Russie par dizaines de milliers, pour s’installer, coûte que coûte, à la place des pauvres dépossédés !

Je veux espérer du reste que déjà l’on soupçonne à Constantinople quel va être le probable verdict de la Conférence, et que la minorité grecque de la ville doit commencer de mettre un frein à son assurance. Il ne serait que temps, car ces « Alliés », — mais de la dernière heure, — ne cessent de nous tourner en dérision et ne nous appellent plus là-bas que « ces niais de Français ». En France, sait-on que les Grecs osent depuis un mois arborer leur drapeau partout à Constantinople, sur leurs maisons, leurs écoles, leurs églises, comme si la ville leur était d’ores et déjà concédée par les Alliés, tandis que les Turcs, encore chez eux pourtant, mais toujours si tolérants et débonnaires, ne relèvent même pas cette suprême insulte ? Sait-on que ces officiers grecs, arrivés en Turquie à notre suite,