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d’être, ici comme en toutes choses, d’impeccables et magnifiques justiciers.

Je disais qu’ils n’étaient pas nos ennemis, ces Turcs si calomniés, et qu’ils ne nous avaient fait la guerre qu’à contre-cœur. Je disais, en outre, et j’ai dit toute ma vie qu’ils composaient l’élément le plus sain, le plus honnête de tout l’Orient, — et le plus tolérant aussi, cent fois plus que l’élément orthodoxe, qui est l’intolérance même, bien que cette dernière assertion soit pour faire bondir les non initiés. Or, sur ces deux points, voici tout à coup, depuis la guerre, mille témoignages qui me donnent raison, même devant les plus entêtés. Des généraux, des officiers de tous grades, de simples soldats qui étaient partis de France pleins de préjugés contre mes pauvres amis de là-bas et me considérant comme un dangereux rêveur, m’ont spontanément écrit, par pur acquit de conscience, pour me dire à l’unanimité : « Oh ! comme vous les connaissez bien, ces gens chevaleresques, si doux aux prisonniers, aux blessés, et les traitant en frères ! Comptez sur nous au retour pour joindre en masse nos témoignages au vôtre. » Je voudrais pouvoir les publier toutes, ces innombrables lettres signées, si sincères et si touchantes, mais elles formeraient un volume !