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« Qu’il est heureux, M. Pierre Loti, d’être au Bosphore, le pays de l’éternel printemps ! » — C’est que, vous comprenez, ce pays-là est en Orient, n’est-ce pas ; alors, pour la plupart des Français moyens, qui dit Orient, dit ciel bleu, soleil, palmiers et chameaux… Et, dans leur amusante ingénuité, ils confondent Turc avec Kurde, Osmanli avec Levantin, etc… ; pour eux, tout ce qui porte un bonnet rouge, c’est toujours des Turcs.

Allez donc essayer d’ouvrir les yeux à certains bourgeois de chez nous qui, de père en fils, se sont hypnotisés — crétinisés, oserai-je dire — sur la prétendue férocité de mes pauvres amis les Turcs ! Au début de la guerre balkanique, ai-je été assez bafoué, injurié, menacé pour avoir pris leur défense, pour avoir osé dire que les Bulgares, au contraire, étaient de cruelles brutes et que leur Ferdinand de Cobourg (pour qui toutes nos femmes s’étaient emballées et dont elles portaient les couleurs) n’était qu’un monstre abject.

De celui-là, par exemple, du Cobourg, je suis vengé aujourd’hui, car il a surabondamment prouvé ce que j’avançais : cinq fois traître en dix ans et tirant dans le dos de ses alliés sans crier gare, je ne vois pas ce que l’on pourrait